DE VIRIS …
Les Eques cernaient le consul Minucius et son armée : quand cette nouvelle fut annoncée à Rome, l'émotion, l'agitation furent aussi intenses que si les ennemis assiégeaient la ville elle-même et non un camp. Et comme l'autre consul ne paraissait pas de grand secours, on décida de nommer un dictateur pour rétablir cette situation désastreuse. Quinctius, d'un accord unanime, est nommé dictateur. Celui-ci, unique espoir du pouvoir romain, cultivait au-delà du Tibre un champ de quatre arpents. Les émissaires qui lui furent envoyés le trouvèrent en tenue légère, en train de labourer. Après un échange de salutations réciproques, Quinctius ordonna à sa femme Racilia de se dépêcher d'apporter de la cabane sa toge, pour qu'il écoutât le message du sénat en toge.
Quand, après avoir essuyé la poussière et la sueur de son corps, Quinctius s'avance revêtu de sa toge, les émissaires, en présentant leurs félicitations, le saluent du titre de dictateur et exposent la terreur qui règne dans l'armée.
Quinctius vint donc à Rome et fut escorté jusque chez lui, précédé de licteurs. Parti le jour suivant, il battit les ennemis et libéra l'armée romaine. Il entra à Rome en triomphateur. Devant son char défilaient les chefs ennemis, étaient exhibées les enseignes militaires : l'armée suivait, chargée de butin ; des banquets furent apprêtés devant chaque maison. Quinctius se démit au bout de quinze jours de la dictature qu'il avait reçue pour six mois, et après avoir connu les honneurs du triomphe, le paysan retourna à ses bœufs.
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