PETRONE , Satiricon 31-70 ( passim )

Cependant, on servit un hors-d'oeuvre tout à fait riche; car tous les convives étaient à table, sauf Trimalcion lui- même, à qui, par une mode nouvelle, la place d'honneur était réservée. Sur le plateau destiné aux entrées, se dressait un ânon en bronze de Corinthe, portant un bissac qui contenait d'un côté des olives blanches, de l'autre, des noires. Au-dessus, formant toit, deux plats portaient gravés sur leurs bords le nom de Trimalcion et leur poids en argent. Des passerelles soudées l'une à l'autre supportaient des loirs saupoudrés de miel et de pavot. Il y avait encore des saucisses brûlantes posées sur un gril d'argent, et sous le gril des prunes de Damas avec des pépins de grenade.
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Arrivèrent des serviteurs qui placèrent sur les coussins des housses où étaient brodés des filets, des chasseurs à l'affût avec leurs épieux et tout un équipage de chasse. Nous ne savions encore où diriger nos conjectures, lorsqu'en dehors de la salle à manger s'élève une clameur immense, et voici qu'une meute de chiens laconiens se met à courir en tout sens jusqu'autour de la table.
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Nous n'aurions pas vu la fin de ces misères, si l'on n'avait apporté le dernier service. C'étaient des grives en fleur de froment farcies de raisins secs et de noix. Vinrent ensuite des coings lardés d'épines, pour figurer des hérissons. Tout cela, à vrai dire, était encore tolérable, sans un plat tellement abominable, que nous serions morts de faim plutôt que d'y toucher. Quand on le servit, nous le prîmes pour une oie grasse, entourée de poissons et de toutes sortes d'oiseaux : «Mes amis, dit Trimalcion, tout ce que vous voyez dans ce plat est fait de la même matière.
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Tout ceci, mon cuisinier l'a fait avec du porc. Il n'y a pas d'homme plus précieux au monde ».

SIENKIEWICZ , Quo vadis

La fin du festin n'était point proche encore. Les esclaves continuaient à servir de nouveaux mets et à remplir de vin les coupes ornées de verdure.
Entrèrent alors des imitateurs de cris d'animaux, des jongleurs et des bouffons. Mais ils n'émurent pas, car le vin troublait déjà tous les yeux. La musique n'était plus qu'un vacarme chaotique de cithares, de luths, de cymbales arméniennes, de sistres égyptiens, de trompes et de cors. L'air, lourd de safran, d'effluves humains, d'odeurs florales, se fit irrespirable. Les lampes brûlaient d'une flamme terne et blême, les couronnes chaviraient sur des fronts où perlait la sueur.