Si de tels débordements ont existé, ils étaient l'exception et ne se rencontraient que dans une frange de la société. On sait par exemple que les banquets de l'empereur Néron étaient connus pour leur longueur inhabituelle. Quant à Trimalcion, ce sévir augustal (membre d'un collège de six personnes chargé d'organiser le culte de l'empereur dans les colonies italiennes) des environs de Naples qui est mis en scène dans le Satiricon , c'est un nouveau riche qui veut montrer sa fortune et cherche à surprendre et éblouir par tous les moyens et en particulier par la nourriture. Les mets qu'il propose à ses invités sont très nombreux, très copieux, et la présentation en est extrêmement recherchée de même que le service.
Quant à la coutume de s'allonger, le coude gauche appuyé sur un coussin, pour la cena ( le dîner, principal repas de la journée ), elle s'est introduite dans la haute société romaine vers le fin du Iième siècle avant J.-C., à l'imitation des Grecs qui l'avaient eux-mêmes empruntée à l'Orient. Auparavant on mangeait assis, et les classes populaires ignorèrent toujours l'habitude du lit de table. Dans les cabarets et les auberges on était assis.
Le mot triclinium désigne aussi bien la salle à manger que le lit de table (à trois places). Trois lits, en plan incliné et recouverts de matelas, couverture et coussins, flanquaient une table carrée. Puis vers la fin de la République furent introduits la table ronde et le lit unique semi-circulaire, appelé sigma ou stibadium. Souvent les textes anciens évoquent les roses qui décoraient la table et les couronnes de fleurs dont se paraient les convives.
Pour les hommes de goût, la cena était le temps des conversations instructives, celui où on faisait lire les oeuvres des grands écrivains ; d'autres faisaient venir musiciens, chanteurs, comédiens, danseurs...