OVIDE , Métamorphoses
Cependant Vertumne les surpassait par son amour, mais n'avait pas plus de succès qu'eux.
Combien de fois, sous l'aspect d'un rude moissonneur, il porta des épis dans une corbeille, offrant le portrait d'un véritable moissonneur ! Souvent, les tempes serrées par du foin frais, il avait l'air d'avoir retourné l'herbe coupée. Souvent il tenait d'une main calleuse l'aiguillon, si bien qu'on aurait juré qu'il venait de dételer les taurillons fatigués. Doté d'une faucille, c'était un émondeur, un élagueur de vigne. Se chargeait-il d'une échelle, on aurait cru qu'il allait cueillir des fruits. Muni d'un glaive, il était soldat, et d'une ligne, pêcheur. Enfin il se donna, grâce à de multiples apparences, le plaisir de contempler sa beauté. Les tempes ceintes d'un turban brodé, s'appuyant sur une canne, et ayant placé des cheveux blancs sur ses tempes, il se déguisa même en vieille femme, entra dans le jardin soigné et admira les fruits.
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