OVIDE , Fastes V, 201-212 et 261-274 (traduction Robert Schilling)

C'était le printemps, j'errais à l'aventure : Zéphyr me voit, je veux partir. Il me poursuit, je fuis : il fut le plus fort. N'avait-il pas reçu tout droit de commettre ce rapt de la part de son frère Borée, l'audacieux ravisseur de la fille d'Erechthée ? Cependant, pour réparer son outrage, il me donne le nom d'épouse ; je n'ai plus lieu de me plaindre dans mon lit nuptial. Le printemps me réjouit toujours : l'année est toujours florissante, les arbres, toujours couverts de feuillage; la terre de pâturages. Je possède, parmi mes biens dotaux, un jardin fertile: la brise le caresse, l'eau limpide d'une source l'arrose. Mon mari l'a rempli de fleurs d'une belle venue et il m'a dit: « Déesse, sois la souveraine des fleurs».

Tu crois peut-être que je ne règne que sur les molles guirlandes? Mon pouvoir s'étend jusqu'aux champs. Si le blé fleurit bien, l'aire sera comble ; si la vigne fleurit bien, vive Bacchus ! Si l'olivier fleurit bien, brillante année : les fruits tiendront la promesse des fleurs. La fleur est-elle blessée, c'en est fait des vesces et des fèves, c'en est fait de tes lentilles, Nil étranger. Les vins, aussi, qu'on serre avec soin dans les grandes caves, se couvrent de fleurs et une écume nage à la surface des tonneaux. Le miel est mon présent : les insectes qui donneront le miel volent vers la violette, le cytise, le blanc thym, sur mon appel. C'est encore par mon opération que pendant les années de la jeunesse les esprits sont en effervescence et que les corps atteignent toute leur vigueur.